Il s'agit d'un article rédigé pour le site côté bébé. Bien entendu, les différentes spécificités décrites ne se retrouvent pas chez tous les enfants précoces. Seul un test pourra confirmer ou non le haut potentiel.
Gabrielle Sebire et Cécile Stanilewicz, auteures de “Avec lui c’est compliqué! Vivre avec un enfant précoce, l’aider à grandir et à réussir” nous livrent leur vision de la précocité chez nos petits bouts de choux. Pour diagnostiquer le haut potentiel d’un enfant ou sa précocité, les spécialistes s’accordent sur un dépistage à partir d’un test de quotient intellectuel (QI). Seront à HPI les personnes qui auront un QI égal ou supérieur à 130, ce qui concerne environ 2% de l’ensemble de la population. Cela représente à l’école un ou deux élèves par classe, ce qui n’est pas négligeable ! Mais contrairement aux idées reçues, l’enfant à HPI ne se montre pas toujours brillant, à l’école ou à la maison. Car s’il a un cerveau qui fonctionne de manière très efficiente, cela ne se voit pas forcément dans la vie de tous les jours. Comment savoir si son enfant est précoce ?
L’enfant précoce présente tout un ensemble de caractéristiques, qui, conjuguées avec ses autres traits de personnalité, le tout influé par son environnement, en feront un être unique.
Il est certes plus facile de repérer l’enfant précoce à partir de 6 ans que plus petit, car il se distinguera plus aisément des autres enfants. Pour autant, lorsqu’on interroge des parents qui ont fait tester leur enfant plus grand, sur sa façon d’être lorsqu’il était bébé, des caractéristiques communes leur reviennent en mémoire.
Bien entendu, cela ne remplace en aucun cas la passation d’un test auprès d’un psychologue compétent, qui seul pourra la quantifier et la qualifier les aptitudes cognitives de l’enfant. Mais les constats des parents et éducateur, restent un faisceau d’indices qui pourra mener à l’hypothèse d’une précocité intellectuelle.
Tout petit…
Ainsi, dès la naissance, les parents évoquent un enfant qui semble “scanner” son entourage, son regard très scrutateur pouvant même sembler dérangeant parfois ! Il regarde avec intensité et est très expressif. Il semble en état d’alerte permanent, rien ne lui échappe.
Il est particulièrement sensible aux bruits, aux odeurs, aux goûts, au toucher, aux émotions qui l’entourent. On frôle vite la surchauffe quand trop de sens sont stimulés.
Dès 6 mois, il analyse les situations avant de se lancer, comme un besoin de tout évaluer.
Il est impatient et n’aime pas attendre mais si on lui explique, si on donne un sens à son attente (insupportable car il aimerait que tout aille aussi vite que son cerveau), il comprend et est capable de s’adapter. C’est un bébé exigeant, pas si facile à élever !
D’autant qu’il est souvent petit dormeur, il a dû mal à lâcher prise, à mettre de côté sa vigilance pour dormir, laissant peu de répit à ses parents pour recharger leurs batteries.
Si son analyse des risques lui semble bonne, il peut se lancer très tôt dans la marche. Certains passent même de la position assise à la position debout, sans passer par le quatre pattes : on a l’impression que c’est un bébé qui saute des étapes.
En ce qui concerne le langage, très vite, il dit son premier mot. Les phrases sont rapidement correctes, et la quantité de mots qu’il mémorise chaque jour peut sembler impressionnante. Très vite, on peut avoir de vraies discussions avec lui. Il mémorise tout et sera capable de re-parler d’un détail des mois après.
Il est souvent curieux de goûter des choses nouvelles, ou alors au contraire, sera constamment inquiet face à la nouveauté.
Il pose des questions, demande des précisions et des interactions sans cesse. Il se souvient très bien des lieux.
A l’entrée en maternelle, certains reconnaissent déjà les lettres, dessinent des dessins avec beaucoup de précision dans les détails. Ils ont envie d’apprendre à lire. Parfois pourtant, le graphisme peut être très maladroit : leur cerveau va tellement vite que la main ne suit pas !
Ils ont de grandes facilités à parler avec les adultes et font preuve d’une grande imagination et sensibilité.Certains sont très actifs en classe, et “dérangent” tout le monde dès qu’ils ont fini leur activité, ce qui peut être pris par l’enseignant comme de l’hyperactivité.
Un peu plus grand…
Un peu plus grand, souvent, l’acquisition de la lecture se fait plus tôt et seul, sans l’aide d’un adulte ou d’une méthode. L’écrit, le graphisme sont plus compliqués, notamment pour les garçons. Il semble apprendre et comprendre très vite, faire des liens.
Il est très curieux de tout et s’intéresse fréquemment à des sujets qui ne sont pas de son âge, au-delà du traditionnel âge des “pourquoi?”. Dès qu’il a fait le tour d’un sujet, il en change.
Souvent, il s’exprime avec beaucoup d’aisance, dans un vocabulaire choisi, varié et des phrases syntaxiquement bien construites. Il aime discuter avec les adultes.
On retrouve souvent le perfectionnisme comme trait de caractère, ce qui les rend, contre toute attente, lents, alors même que leur cerveau est très rapide.
C’est également un enfant qui peut avoir un grand sens de l’humour. Il voit rapidement les failles des personnes qui les entourent, et peut être une remarquable “mouche du coche”.
côté relations sociales…
Côté comportement, il supporte souvent mal l’échec, manque de ténacité face à l’épreuve, déteste la répétition.
Souvent ces enfants ont des difficultés à fonctionner socialement, ne veulent pas se faire remarquer et pourront alors jouer un rôle.
Ils sont fréquemment hypersensibles, ne supportent pas l’injustice, ils attachent une grande importance à l’esthétique, l’environnement.
Très souvent, on observe un décalage entre leurs facultés intellectuelles, leur maturité avancée, et leur comportement qui peut être assez maladroit ou très immature, affectivement parlant.
Quand et pourquoi faire tester son enfant ?
Deux visions se rencontrent le plus souvent !
D’un côté, celle des parents qui préfèrent savoir si leur enfant est bien à HPI, pour être certain d’adapter au mieux leur comportement vis-à-vis de celui de lui. Et c’est souvent la préoccupation de parents lorsque l’un au moins des deux parents l’est lui aussi ! Ce dernier souhaite éviter à son enfant les difficultés d’apprentissage, donner un sens au sentiment de différence qu’il a pu connaître lui-même, et sur lequel il aura pu mettre un mot plus tard dans son parcours.
De l’autre côté, on trouve les parents qui font tester leur enfant lorsqu’ils rencontrent une problématique ; en général, c’est pour des raisons scolaires ou des difficultés de sociabilisation, d’angoisses, de crises émotionnelles intenses.
Le test qui sera proposé aux très jeunes enfants (2 à 6 ans environ) en France est le WPPSI. Il proposera une mesure des aptitudes cognitives de l’enfant qui restera approximative, et nécessitera d’être confirmé par un test WISC lorsque l’enfant sera plus âgé.
A la suite du test, il sera utile que le psychologue livre aux parents les spécificités du profil de l’enfant, pour pouvoir mieux l’accompagner dans l’utilisation de son potentiel. Les parents et l’entourage pourront ainsi mettre en place des stratégies et des pédagogies adaptées au fonctionnement particulier de l’enfant.
Quelque soit l’enfant, pour l’essentiel, pour qu’il s’épanouisse, il devra en premier lieu être alimenté intellectuellement et bénéficier d’un enrichissement s’il est demandeur.
Il devra également apprendre la contrainte, la frustration, et la loi… Même si c’est parfois un exercice vraiment difficile pour les parents et l’entourage.
Enfin, saisir au quotidien les occasions de l’autonomiser, petit à petit, contribuera à la construction de sa confiance en soi.
Pour aller plus loin :
“Avec lui c’est compliqué! Vivre avec un enfant précoce, l’aider à grandir et à réussir” de Gabrielle sebire et Cécile Stanilewicz, paru aux Editions Eyrolles le 15 février 2018, un recueil avec des pistes très concrètes pour aider les parents à trouver leurs solutions et améliorer leur quotidien avec leur enfant précoce.
Comments